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Histoire de la ville, Histoire Urbaine, sociale et politique

par Ilhame Radid

06 03, 2015 | dans Développement Territorial, Expertise, Politiques publiques | 0 Commentaires

La ville s’est appuyé sur les différents dispositifs de la politique de la ville afin de permettre la mise en œuvre d’une rénovation urbaine qui a pour objectif de d’améliorer le cadre de vie des habitants, de favoriser une dynamique de cohésion sociale et de développer de l’habitat et du logement.

Les conséquences du contrat urbain de cohésion social

Il est évident que l’ensemble des travaux entrepris dans le cadre de la politique de la ville a eu des conséquences sur la qualité de l’habitation et l’amélioration du cadre de vie, cependant, des conséquences inattendues sont aussi apparues et viennent changer le paysage social du quartier. La volonté de mixité s’est mariée avec la conséquence de l’évolution de l’image du quartier qui ne rejoint pas l’objectif principal de mixité.
Sur les habitations

La création des nouveaux logements a fait émerger de nouveaux locataires ne venant pas du quartier voir même de la ville compte tenu du prix élevé des loyers. La volonté de mixité sociale a laissé la place à une forme de déclassement pour les anciennes familles résidentes « des tours » et un reclassement pour les nouvelles familles dépourvues de logements mais présentant des garanties financières plus élevées et qui accèdent aux nouveaux logements HLM flambants neufs.
Par ailleurs, bien que la nature des dépenses ait été respecté et que son fléchage a permis son arrivé à destination pour la majorité, il n’en demeure pas moins que la PRU2 a noté près d’une dizaine année de retard de versements de fonds ce qui a considérablement retardé l’ensemble des échéances. Ce retard à générer de nouvelles dépenses et a servi de terreau au mécontentement de la population locales qui se dit avoir encore une fois été lésée par des promesses faites en « l’air ».
De plus l’ANRU qui ne prend pas en compte l’inflation dans ses versements alors que les prix du bâtiment grimpent de 5 à 8% tous les ans et pour couronnée le tout l’Etat a multiplié les contraintes techniques et écologique, cette normalisation à outrance à freiner considérablement les chantiers au point aujourd’hui ou le visage du quartier n’a réellement changé que sur moins d’un cinquième de son territoire.

Sur la population

Nous avons constaté durant le déroulé du PRU2 jusqu’aujourd’hui une augmentation de la paupérisation de la population en constance continue, en effet le déroulé du PRU n’a pas engendrée d’embauche supplémentaire au contraire le paysage économique s’est assombri.
La démarche volontaire qui a été de mettre en avant la lutte contre l’exclusion et de favoriser par la même occasion la mixité sociale, n’a malheureusement pas fonctionné comme espéré. En voici quelques raisons :
➢ MANQUE DE CONCERTATION AVEC LES HABITANTS DU QUARTIER

➢ LA NATURE DEGRADEE DU TISSU ECONOMIQUE

➢ L’AUGMENTATION DE LA PAUPERISATION DE LA POPULATION

➢ LA PROPOSITION DE DESEQUILIBRE BRUTALE DU QUARTIER

➢ UNE REORGANISATION GEOGRAPHIQUE PEU ADAPTEE

➢ L’AUGMENTATION DE LA DEGRADATION DES LIEUX D’HABITATION

Reprenons les un par un, en ce qui concerne le manque de concertation avec les habitants du quartier les élus en charge de la politique de la ville reconnaissent le fait que ces derniers n’ont pas été concertés au niveau souhaité.
Le manque d’information et d’échanges autours des différents projets a considérablement freiné l’appropriation des différents travaux entrepris, le sens même de ses travaux n’a toujours reçu d’écho positif unanime auprès des riverains. Le rapport du comité d’évaluation du suivi de l’ANRU le confirme de façon plus générale.

La nature négative du tissu économique participe de façon systémique à l’embolie de la dynamisation du quartier. Le manque d’emploi, de proposition de formation adaptée viennent alourdir et atténué très fortement les efforts de réhabilitation et de construction faite sur le quartier. Par effet, de conséquence on assiste à une paupérisation plus grande de la population du quartier ce qui rend les personnes moins éligibles à l’accessibilité aux nouveaux loyers correspondant aux nouveaux logements. Ces personnes sont donc invitées à quitter le territoire sur proposition de logement adaptée et sur la correspondance de leurs moyens financiers respectifs.
Quant à la mixité sociale, partant d’une belle attention, se confronte au principe de réalité, notamment par le fait que les initiatives portées par les riverains sur ce thème n’ont pas été soutenus, le manque d’information et de communication sur le projet de rénovation urbaine n’ont pas permis la possibilité de compréhension du sens des différents projets. Les habitants se sont donc désolidariser de certaines actions à l’initiative de la municipalité portant sur le thème de la mixité sociale.
Malgré les différentes transformations observables physiquement dans le quartier il semblerait que le fond lui n’a pas changé. L’impact du chômage est malheureusement bien plus fort ainsi que les problématiques de scolarisation d’insécurité qui prennent alors le pas sur la dimension de l’habitat et de son cadre de vie. La dimension sociale est occultée afin de voir des changements visibles à l’œil nu, cependant les vrais maux subsistent encore sur le quartier. Il suffit de s’approcher d’un des jeunes âgé de 20 ans qui s’apprête à franchir le centre socio culturel du quartier pour qu’il nous annonce : « Ici c’est une mascarade, nous on veut du travail, que l’école nous donne notre chance, j’aurais voulu continuer l’école mais comme il m’ont viré je suis parti chez Peugeot comme mon père, mais à la fin de l’année on va tous les deux se retrouver à la porte, c’est ça le changement ? On va faire quoi des nouveaux appartements si on ne peut pas les payer ? Ici c’est la zone et tant que l’on ne changera pas tout, ça ne marchera pas… ». Par ailleurs « L’équilibrage de la composition sociale des quartiers » voulu dans le rapport Dudebout reste très complexe à mettre en œuvre sur le quartier tellement la domination ethnique construite dans l’histoire reste présente et empreinte dans le quartier.

Vous l’aurez compris la mise en œuvre de la politique de la ville n’est pas chose simple on ne peut répondre à des problématiques seulement par des mesures administratives qui viennent apportez des modifications physiques sans pour autant apporter la même abnégation sur la dimension socio-économique.
N’oublions pas que les tensions politiques locales et nationales jouent aussi leur rôle dans la mise en œuvre du PRU2. Nous pouvons ici donc aisément reprendre ce passage d’Henri Lefebvre « Le quartier ici est dépourvu du sens de la ville |…] et n’offre que très peu de convergence par ses places, ses rues qui lui semble en voie de disparition,[…] pas vraiment la mixité sociale », qui au-delà du fait de mettre en avant la difficulté d’un changement significatif dans la ville met l’accent sur ce que l’on ne perçoit pas.
Les constats et les effets analysés sur les quartiers rejoignent aussi la majorité des conclusions du rapport de l’ONZUS. En effet, malgré une volonté de proximité dans l’action sociale, l’évolution de la paupérisation de la population due entre autre à une augmentation du chômage ne cesse de porter un voile sombre sur les différents changements du quartier. Les changements opérés ne rendent pas le quartier plus attrayant, les commerces qui avaient déserté les lieux n’ont pas eu l’occasion de s’y réimplanter pour une majorité d’entre eux, le manque d’offre de service publique reste encore une problématique et la résidentialisation non concertée n’arrive pas à contenir les actes d’incivilité et de vandalisme encore constaté dans les immeubles réhabilité.
Des actions restent encore à mettre en place en faisant participer activement l’ensemble des acteurs afin de proposer de façon multidimensionnelle un accompagnement à la nouvelle ville, aux nouveaux quartiers. La place des habitants doit être centrale.

Il est donc nécessaire de travailler simultanément sur l’ensemble des points du Contrat de ville et de créer une corrélation entre eux. Dans le cas de la mixité comme le soulève Donzelot « faciliter la mobilité plutôt qu’imposer la mixité ». Il serait sans doute judicieux de porter une attention sur le désenclavement du quartier que sur une mixité qui ne semble pas voir le jour dans certains quartiers.

La démarche démocratique doit rester le fil conducteur dans cette construction du quartier, les pistes concernant le développement d’actions sociales et économique doivent être aussi privilégiées. La réhabilitation et les diverses évolutions physiques n’auront de sens que si un changement de fond s’opère de façon simultanée.
Enfin on constate la volonté de retour de certains ménages sur les quartiers qui n’arrive pas à s’acclimater dans leurs nouveaux logements et surtout dans leur nouvel environnement. Habiter et savoir habiter n’est pas une chose simple cette dimension doit aussi être pris en compte dans le cadre de l’attribution des logements voir même en amont.
Les récents changements concernant la politique de la ville, l’inscription du quartier sur la nouvelle géographie prioritaire risque d’apporter une nouvelle dynamique pour les quartiers. Quand sera-t-il de la conduite de la continuité du PRU2 et des nouveaux contrats-ville ? Comment se défont les frontières qui segmentent les actions, comment les acteurs construisent la ville inclusive de demain ?

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