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Envisager un autre regard

par Ilhame Radid

02 04, 2016 | dans Changement, Ingénierie, Politiques publiques | 0 Commentaires

Le texte adopté par les 195 pays de la COP21 est-il l’accord révolutionnaire annoncé par la présidence française ? Un accord sans précédent pour lutter contre le réchauffement, dont la vitesse inédite menace la planète de catastrophes climatiques, a été adopté, samedi 12 décembre, à Paris, par 195 pays, après plusieurs années de négociations extrêmement ardues.

Malgré un contexte international sous haute tension, la COP 21 a été un rendez vous climatique, un sommet pour sécuriser la vie des générations présentes et futures.
Six ans après le fiasco de la COP de Copenhague, qui avait échoué à sceller un tel accord.

« Historique », un « tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique » ou encore « un rayon d’espoir ». Les politiques, les délégués et même les ONG soulignent tous la portée sans précédent d’un texte qui engage juridiquement 195 pays.
Mais il y a de l’eau dans le vin de la victoire dès que l’on gratte un peu sous la surface des 31 pages du document final. Beaucoup d’obligations sont rédigées de telle sorte « [qu’] il faut voir comment les États appliquent ce texte au niveau national avant de se réjouir », affirme Tim Gore, un responsable d’Oxfam. Explication des engagements pris.

• L’objectif de 1,5°C
• Le préambule à l’accord souligne, pour la première fois dans l’histoire des COP, l’objectif à plus long terme de « limiter la hausse des températures à 1,5°C », même si le but premier est de rester sous les 2°C. Cette inclusion est la grande surprise de la COP21, et peut être vue comme « la victoire morale des pays les plus vulnérables », estime Tim Gore.
• Problème : « Le reste du texte n’est pas conforme à l’objectif d’une hausse maximum de 1,5°C », estime Mohamed Adow, de l’ONG Christian Aid. Il n’y a, d’après lui, pas suffisamment d’engagements à court terme pour y parvenir. Il n’y a ainsi rien sur la dé carbonisation ou le développement des énergies renouvelables,
• Le volet financier 
 »Ceux qui parlent de victoire au sujet de cet accord devraient lire plus en détails la partie concernant la finance”, assure Brandon Wu, conseiller pour l’ONG Action Aid. Le texte final est selon lui « moins bon à ce sujet que le projet précédent ».
• Le texte se contente de prévoir une éventuelle hausse des montants versés aux pays pauvres, faisant des 100 milliards, promis en 2009, un simple « plancher ». Les pays riches pourront relever ce « plancher », mais ils n’y sont pas obligés.
• Le retour des droits de l’Homme
• Le texte final fait référence aux « obligations en terme de protection des droits de l’Homme » dans son préambule. C’est une victoire car ce rappel avait disparu dans la version précédente de l’accord.
• Cela donne une « certaine base juridique » pour défendre les droits de ceux qui ont été victimes d’abus dans des conflits environnementaux, comme lors de la déforestation illégale, assure Teresa Anderson, spécialiste de la question pour Action Aid. Elle regrette cependant que les droits de l’Homme soient cantonnés au préambule. « Si la référence était présente dans l’accord lui-même, il y aurait une obligation légale plus forte d’en tenir compte », estime-t-elle.
• L’adaptation : 
Il s’agit de l’aide apportée par les États « riches » aux pays les plus touchés par les changements climatiques pour y faire face. Un article entier est consacré aux obligations des pays développés. Elles sont, d’abord, d’ordre financier. L’accord souligne en effet qu’une partie du fonds vert (les 100 milliards de dollars par an à partir de 2020) doit être consacrée à cette question.
• Mais la formulation est décevante : les pays les plus pauvres voulaient que 50 % de l’argent soit alloué à l’adaptation et 50 % aux efforts de réduction des émissions. Les pays développés ont obtenu qu’aucun objectif chiffré ne soit écrit noir sur blanc. Un flou qui a fait dire à plusieurs ONG que la voix des plus pauvres n’avait pas été réellement entendu.
• Il est aussi question des transferts de technologie pour mieux lutter contre les conséquences du réchauffement climatique. Un article entier organise un mécanisme permettant aux pays développés de faire bénéficier aux plus démunis des innovations technologiques.
• La révision des engagements
• Les promesses de réduction des émissions faites par les parties prenantes à l’accord avant le début de la COP21 ne suffisent pas à rester sous la barre d’une hausse de 2°C des températures en 2100. Il fallait donc prévoir un mécanisme pour y remédier. Le texte met en place un système de révision périodique des engagements tous les cinq ans.
• C’est une bonne chose, car certains pays ne voulaient pas en entendre parler, comme les puissances pétrolières. Mais les premières révisions obligatoires à la hausse des engagements n’ont pas à être faites avant 2024. « C’est trop tard », assure la Fondation Hulot qui, comme d’autres ONG et pays « pauvres », veut que le processus de révision débute en 2018. Attendre 2024, d’après eux, condamne la planète à dépasser une hausse de 1,5°C des températures.
• Les pertes et dommages
 »C’est la première fois qu’un accord sur le climat comporte un paragraphe entier sur la reconnaissance des pertes et dommages ». Il s’agit de reconnaître que la pollution causée par les pays développés a eu des répercussions irréversibles sur certains territoires. Cela peut entraîner la reconnaissance internationale du statut de réfugié climatique par exemple.
• Plus de transparence
Les États s’engagent à faire un point tous les deux ans sur les progrès réalisés pour limiter les émissions de gaz à effet de serre. C’est une manière de faire pression sur les pays qui n’apparaissaient pas dans le texte.

Le texte, bien qu’imparfait, établit un consensus entre les parties sur la plupart des thèmes soulevés avant le début des négociations. Reste un dernier problème : il ne rentrera en vigueur que si 50 pays le ratifient.
Le vrai test pour l’accord de Paris débute donc au printemps 2016, lorsque le processus de ratification par les parlements nationaux débutera.

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