Les sondages d’opinion qui sont des enquêtes statistique dont le but est de connaître à un moment donné la manière dont se répartissent les opinions individuelles à propos d’une question donnée1 sont apparus aux Etats-Unis à l’aune des années 1930. Marqué par les premières véritables instituts de sondage maniant des techniques représentatives personnifiés par : Elmo Roper, George Gallup et Archibald Crooseley. En France emploiera pendant longtemps le nom de « Gallup » pour désigner un sondage d’opinion, en effet, c’est en se fondant sur l’exemple de Gallup, que deux jeunes hommes de formation universitaire, le sociologue Jean Stoetzel et le journaliste chercheur en politique extérieur Alfred Max, vont en 1938 lancer des enquêtes d’opinion, c’est la naissance de l’IFOP2.

Pendant près de vingt ans l’IFOP demeurera synonyme en France de sondage d’opinion c’est d’ailleurs Jean Stoetzel qui est l’inventeur du mot sondage3. Depuis plus de cinquante ans, les sondages d’opinion jouent un rôle primordial et controversé dans le déroulement des compétitions électorales, et plus largement dans le développement de la communication politique au sein des sociétés démocratiques. Malgré les fréquentes prises de position sur la fonction souhaitable des sondages, leur rôle empirique reste relativement méconnu du public non-averti4. Les sondages ne sont pas prédictifs mais se bornent à enregistrer les intentions du moment. Par ailleurs, bien que les sondages et leur processus n’interviennent pas directement dans le processus électoral ils opèrent une très forte influence auprès de tous surtout aux moins initiés (qui représentent bien évidemment la majorité).

Aujourd’hui, le marché des études est estimé à trente-deux milliards de dollars5. Ce marché est dominé par les européens malgré une présence accrue des Etats-Unis6. Par ailleurs, nous avons l’impression aujourd’hui que tout doit passer par le sondage comme s’il en résultait une certaine forme de validation sociale inconsciente de ce principe (ex sondage sur le temps, la popularité d’une star, le choix d’un futur véhicule,…). Cette adoration généralisée sert de tremplin d’après Lionel Marquis chercheur en science politique à l’université de Berne, a deux effets dans le cadre des élections en particuliers qui sont les suivants :

• D’une part, au cours des pré-campagnes, en particulier pour les élections présidentielles françaises, les sondages contribuent à opérer une première sélection parmi les prétendants.

• D’autre part, au cours des campagnes officielles, mais parfois bien avant, ils exercent un effet de “clôture” intellectuelle sur la perception des scénarios possibles parmi les leaders politiques, les journalistes, ou les militants.

Les sondages d’opinion ne font plus bonne figure que lorsqu’il y a des débats électoraux, mais il est vrai qu’à ce moment-là ils prennent une place prépondérante. Ils inspirent quotidiennement les équipes de campagnes, oriente parfois certaines stratégies de communication électorale ou encore sont considérer comme légitimant une candidature plutôt qu’une autre ?

L’exemple de la réforme des retraite en 2003 en France, nous illustre le pouvoir insoupçonné que revêt les sondages, qui vont jusqu’à orienter les personnes interrogées dans le sens de la réforme.

Alors sondage et démocratie font-il vraiment bon ménage ?